Ode aux origines
A l’occasion de la grande exposition nationale « Christofle, une brillante histoire » au Musée des Arts décoratifs de Paris, la célèbre maison d’orfèvrerie demande à Jean-Pierre Cottet-Dubreuil d’imaginer une création à la hauteur de l’évènement.
Très rapidement, le créateur-orfèvre propose à la maison une pièce d’envergure, véritable éloge des savoir-faire du département de Haute orfèvrerie de la manufacture située en Normandie.
Une création hors normes
À la manière des chefs-d’œuvre des Expositions Universelles du XIXe siècle, Jean-Pierre Cottet Dubreuil imagine une pièce d’une grande prouesse technique, unique et monumentale réalisée au sein des ateliers Christofle. Ce surtout en métal argenté, cristal de roche et miroir, composé de six éléments, d’une amplitude de près de 4 mètres, impressionne par sa modernité et sa grande singularité. Il aura nécessité plus de 1000 heures de travail pendant un an et demi, de sa conception, dessins et maquettes de Jean-Pierre Cottet-Dubreuil, à sa réalisation par tous les artisans, orfèvres, fondeurs et ingénieurs de la maison Christofle.
Majestueux, le grand miroir central se pare d’une coupe montée en cristal de roche. Il est accompagné de candélabres à neuf lumières et de miroirs de table. Ses formes à la fois géométriques et organiques font briller ce surtout unique de mille reflets. Certains cubes et la coupe centrale de 40cm de diamètre sont taillés dans un bloc de cristal de 75 kg. Les cubes, meulés puis polis à la main ont nécessité plus de 200 heures de travail. Composé de matériaux nobles, du laiton ou du bronze argenté, le surtout est conçu pour être démontable, à l’image de ceux réalisés au XIXe siècle. Les pièces, numérotées, peuvent se décomposer au gré des différentes étapes d’argenture, de polissage ou de restauration
« Les inclusions des éléments en cristal de roche, que l’on appelle « jardins », donnent un côté presque magique à ce surtout. Cette transparence et ces aspérités forment une ponctuation précieuse au milieu de l’argent. Le regard peut s’y perdre comme dans un paysage, dans un jeu de reflets avec des profondeurs, des facettes différentes selon les angles. Je pense à l’origine du monde, un chaos d’où surgit la beauté, dans un univers minéral, les roches, le métal, et l’eau, ici des miroirs qui reflètent et décuplent les lumières des bougies des candélabres. »
Aux origines du projets
Le nom “Ode aux Origines” possède plusieurs significations. L’origine géologique tout d’abord, celle de la création du monde. Le motif principal du surtout se réfère aux formes de la pyrite, un minéral à l’aspect métallique, spectaculaire, composé de cristaux cubiques, encastrés dans la roche. À l’état naturel, ses facettes peuvent être lisses ou striées. Cette « origine » renvoie à une stylisation poétique du Big Bang : des formes brutes fusionnant avec des lignes harmonieuses et sinueuses. On peut aussi y voir une métaphore sur l’origine du métal extrait puis travaillé par les orfèvres (la pyrite a été surnommée « l’or des fous » pendant la ruée vers l’or).
L’origine peut aussi être celle de la vocation précoce de Jean-Pierre Cottet-Dubreuil pour l’orfèvrerie. Enfant, Jean-Pierre Cottet-Dubreuil visite l’exposition « Versailles et les tables royales en Europe » avec tables dressées à la manière du XVIIIème siècle et surtouts en argent des grandes cours royales. Attiré par les pièces Christofle qui illuminent les tables de fête chez lui, il collectionne les catalogues de cette célèbre maison. Des années plus tard, il intègre l’école de la Chambre Syndicale en bijouterie tout en travaillant à la boutique Christofle du 9 rue Royale à Paris durant ses études. Il passera son diplôme d’orfèvre en candidat libre dans les ateliers Christofle. Ce surtout dessiné pour Christofle est donc pour lui, aujourd’hui à la tête de sa propre Maison, l’accomplissement d’un « rêve de Haute Orfèvrerie » qui remonte aux origines de sa passion.
Jean-Pierre Cottet-Dubreuil évoque aussi d’autres « origines » : celles des défis techniques relevés depuis toujours par Christofle, orfèvre qui a été une locomotive en termes d’innovation et de prouesses comme en témoignent les nombreux brevets déposés tout au long du XIXe et du XXe siècles. Pour ce surtout, il a fallu relever le challenge du temps : tous les ateliers se sont mis en ordre de bataille pour le réaliser en un an et demi. Les techniques empruntent à la haute orfèvrerie, mais aussi à la joaillerie comme avec le travail de ciselure sur des détails ou des interstices polis ou le serti des cristaux. Après avoir été dessiné et maquetté à la main, l’approche de modélisation en 3D a permis de donner équilibre et élégance à une composition complexe.
